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Les amis du Cambodge

24 novembre 2007

La justice a bien du mal à s'exprimer

Même si cinq dirigeants importants des Khmers rouges ont finalement été arrêtés pour être jugés, la journaliste et écrivaine Elizabeth Becker souligne que l'impunité dont ces individus ont bénéficié pendant trente ans a eu une bien mauvaise influence sur la société cambodgienne.

Le 12 novembre dernier, la police a débarqué dans une villa pour y arrêter Ieng Sary et son épouse Ieng Thirith, expliquant en détail la procédure judiciaire à ces deux dirigeants Khmers rouges vieillissants. Près de trente ans se sont écoulés depuis le renversement du régime génocidaire auxquels ils ont participé et qui a coûté la vie à 1,7 million de Cambodgiens entre 1975 et 1979. Pourtant, personne n'a eu à répondre de l'un des pires crimes contre l'humanité du XXe siècle. Pol Pot, le chef des Khmers rouges, est mort libre en 1998. Ieng Sary, qui fut ministre des Affaires étrangères, et Ieng Thirith, ancienne ministre aux Affaires sociales, tous deux de proches collaborateurs de Pol Pot, ont vécu librement en vertu d'une amnistie qui leur avait été accordée en 1996 par le roi d'alors Norodom Sihanouk – et qui sera très probablement levée à l'occasion de leur procès pour crimes contre l'humanité. Ils font partie des cinq responsables Khmers rouges à être jugés par le tribunal spécial mis en place avec le soutien des Nations unies. Cette cour vient de tenir sa première séance publique pour statuer sur la demande de remise en liberté d'un des coaccusés, directeur de la prison S21.

Toutefois, ces procès arrivent bien trop tard. Des décennies d'impunité ont profondément marqué les comportements de la population à l'égard de la loi et de la justice.

En tant que journaliste, j'avais couvert l'ascension des Khmers rouges, et passé deux semaines très éprouvantes au Cambodge durant leur régime. [Durant ce voyage, le journaliste britannique Malcolm Caldwell avait été tué dans des circonstances qui restent inexpliquées.] Par la suite, je fus terrifiée par l'habileté des dirigeants à éviter les poursuites. Pourtant les preuves contre eux ne manquaient pas. Mais dans les derniers jours de la guerre froide, la Chine et les Etats-Unis avaient besoin des Khmers rouges pour faire face à l'Union soviétique. Ensuite, le régime de Hun Sen, ancien petit chef des Khmers rouges, s'est opposé à un procès, affirmant qu'il était inutile de rouvrir de vieilles blessures.

Du fait de ce passé si marqué par le mépris du droit, il sera très difficile de rendre justice lors du procès à venir, et plus difficile encore d'en faire un événement qui améliore la société cambodgienne. Dans le Cambodge d'aujourd'hui, la justice se vend au plus offrant. Voilà pourquoi le tribunal spécial [dont le nom officiel est Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CEC)] qui juge les Khmers rouges suit la procédure cambodgienne, laquelle a été adaptée pour suivre les normes internationales, et la majorité des juges et des avocats sont cambodgiens. C'était le seul moyen de faire accepter au gouvernement la perspective de ces procès. Robert Petit, le co-procureur étranger, reconnaît que le droit cambodgien est "très approximatif". Il s'inquiète par ailleurs de la perception de ces procès au Cambodge. Car le tribunal ne jugera que les plus hauts responsables du régime encore en vie, et les Cambodgiens ne sauront jamais qui précisément a tué leurs proches, pas plus qu'ils ne recevront de compensation.

Les Cambodgiens nés après le régime des Khmers rouges estiment toutefois que ces procès pourraient les aider à mieux comprendre l'histoire de leur pays. Il y a pour eux un lien direct entre la corruption qu'ils constatent au quotidien et le silence et les demi-vérités qu'on leur a racontées sur les Khmers rouges. "Le peuple khmer doit savoir ce qui est juste et ce qui ne l'est pas. Et cela commence par les responsables du génocide : Pol Pot, Ieng Sary, Khieu Samphan", affirme Solyn Seng, une jeune diplômée en comptabilité de la meilleure école de commerce du pays. Sa camarade de classe Chirattana Leng, diplômée en finances, estime qu'un tribunal efficace "montrerait au monde qu'il peut y avoir une justice au Cambodge, et cela ferait venir davantage d'investissements étrangers". Non qu'il y ait pénurie en la matière. Récemment, une conférence pour les investisseurs étrangers a fait salle comble, l'assistance devant rester debout. Car tout le monde sait que le Cambodge a une main-d'œuvre bon marché et une pléthore de terrains inutilisés. Reste que l'essentiel de ces nouvelles richesses parte directement dans les poches d'un petit groupe proche du régime. Ces individus ont d'ores et déjà rasé un tiers des forêts, chassé d'innombrables paysans de leurs terres pour faire place à d'immenses plantations qui produisent caoutchouc et huile de palme et ils ont exproprié des propriétaires pauvres pour bâtir de nouveaux immeubles.

Et lorsque certains de ces paysans ou citadins pauvres ont plaidé leur cause en justice, ils ont presque systématiquement perdu. Telle est la chaîne ininterrompue de l'impunité au Cambodge.

Puisque les Khmers rouges n'ont pas eu à rendre de comptes pour la mort de près de 2 millions de personnes, il n'est guère surprenant que leurs successeurs se comportent comme si la loi ne les concernait pas. Si le tribunal parvient à reconnaître coupables quelques-uns des vieux Khmers rouges, ce triste état de fait pourrait enfin commencer à changer

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23 novembre 2007

Le tribunal khmer rouge dans l'indifférence

Les juges du tribunal chargé de juger les anciens chefs khmers rouges ont prêté serment début juillet 2006. Mais ce procès, censé permettre à la nation cambodgienne de se reconstruire, ne passionne guère.

«On a trop traîné pour juger ces gens»

«J’ai entendu dire qu’on est en train d'ouvrir un tribunal pour condamner les anciens chefs khmers rouges. Ça ne m’intéresse pas. On a trop traîné pour juger ces gens.» Sok Sem, un ancien Khmer rouge de Pailin, une petite ville de l’ouest cambodgien, sait qu’il ne comparaîtra pas devant la justice internationale. Car le procès ne jugera que les leaders les plus importants du régime de Pol Pot. Sok Sem, lui, était un petit soldat. Il a sauté sur une mine. Il a perdu une jambe. Aujourd’hui, dans les cafés bruyants et poussiéreux de Pailin, gros bourg inhospitalier de l’ancien fief khmer rouge, les télévisions donnent parfois des informations sur le tribunal. Sok Sem n’écoute plus.

Vingt-sept ans après la chute du régime sanguinaire de Pol Pot, justice n’a toujours pas été rendue. Les historiens estiment que les crimes khmers rouges ont entraîné la mort de près de deux millions de personnes entre 1975 et 1979, soit le quart de la population de l’époque. Dès la prise de Phnom Penh, les habitants de la capitale ont été déportés aux quatre coins du pays pour travailler. Les élites intellectuelles ont été massacrées. Les écoles fermées. La monnaie et les lois abolies. Pourtant, la majorité des anciens dirigeants communistes n’a jamais eu à s’expliquer devant un tribunal. Certains coulent des jours paisibles à Pailin.

Coût élevé

Ce procès arrive tard. Il coûtera cher. Avec les 56,3 millions de dollars de dépenses prévues, les nombreux anciens Khmers rouges des environs de Pailin, aujourd’hui des agriculteurs peu fortunées comme Sok Sem, auraient préféré construire des écoles et des routes. May Sarat, une ancienne combattante communiste, aurait aimé que cet argent serve à combattre la corruption qui gangrène sa région. Thong Thon, un ancien officier de l’armée rouge de Pailin, trouve la note un peu salée pour simplement se rappeler un passé douloureux et «établir des documents de mémoire».

Des enquêtes d’opinion ont été menées pour savoir si les Cambodgiens soutiennent le procès. Les résultats sont contradictoires. Mais ils ne montrent pas un enthousiasme débordant. Car dans les campagnes du pays, manger, travailler, avoir un toit, sont des préoccupations plus urgentes que juger des leaders politiques d’il y a trente ans.

Pas soutenu par la population

La presse reflète ce désintérêt. «Elle s’est contentée de rendre compte de l’évolution du processus qui a permis la mise en place du tribunal. Au-delà de ces aspects factuels, il n’y a pas grand-chose, pas d’articles qui fouillent cette période de l’histoire», analyse Pierre Gillette, le rédacteur en chef du quotidien francophone «Cambodge Soir». «Je ne pourrais pas dire que ce procès s’ouvre parce que les gens le souhaitent», conclut-il. Le tribunal doit permettre au Cambodge de se bâtir un avenir meilleur. Difficile s’il n’est pas soutenu et encouragé par un vaste mouvement populaire.

Au Cambodge, Jérôme Boruszewski (texte et photo)

¦ Cambodge

20 novembre 2007

reportage sur le Tribunal

CAMBODGE
Le difficile travail d’histoire*
17.11.2007 - Michel Dumont et Eric Bergeron
ARTE G.E.I.E. - France 2007
Vidéo -22'


*Le reportage de Michel Dumont et de Eric Bergeron , ainsi que l’interview de Marcel Lemonde, juge d’instruction aux Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, ont été réalisés avant l’arrestation intervenue lundi 12 novembre 2007, de Ien Sary, numéro 3 et ancien Ministre des Affaires Etrangères du régime khmer rouge et de sa femme Khieu Thirith et de celle de Kieu Samphan, ancien chef de l’Etat cambodgien sous les khmers rouges, arrêté le 19 novembre 2007.

http://www.arte.tv/fr/Video/183604,CmC=1761240.html

20 novembre 2007

Un documentaire sur les Khmers Rouges

10 octobre 2007

très belle musique khmère


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29 septembre 2007

Cambodia1

29 septembre 2007

"Tu vivras, mon fils", Pin Yathay

éd. L'Archipel, octobre 2000. 301 p.

Voici le récit sidérant d'un cambodgien rescapé de l'enfer khmer rouge. Entre avril 1975 et janvier 1979, cette petite faction de révoltés dirigés par des "intellectuels" ayant souvent étudié en France, met en œuvre un génocide contre la population du Cambodge. L'auteur raconte d'une manière à la fois détaillée et contenue le meurtre organisé de 1, 7 à 2 millions de cambodgiens, sur une population d'environ 7, 5 millions d'habitants.

Le pays devient un vaste camp de concentration

Après avoir publié en 1979 "L'utopie meurtrière"(éd. Robert Laffont), Pin Yathay présente dans ce deuxième livre son témoignage, avec la collaboration de John Man. "A la fin de la guerre civile, en avril 1975, le Cambodge de mon enfance, au lieu de retrouver la paix attendue, devint un enfer. La roue de la révolution khmère rouge, voyant des ennemis partout, chercha à écraser le pays, ses habitants, sa culture - individus, familles, société, savoir, croyances, et tous les sentiments, même l'amour. A bien des égards, elle y parvint. Le Cambodge constitua un terrain d'expérimentation de l'idéologie totalitaire à l'échelle d'une nation. Haine et peur régnaient. Villes, biens matériels, argent, marchés, éducation et art étaient condamnés. Des millions de gens subirent la déportation, les travaux forcés, la faim et la mort. Le pays devint un vaste camp de concentration. En vingt sept mois, j'ai perdu ceux que j'aimais - dix-sept membres de ma famille et d'innombrables amis - et tout ce qui m'était cher. Il ne me reste que des souvenirs. Mon désir est que, par ce livre, ces souvenirs demeurent vivaces. Je veux que le monde entier sache comment mes enfants, ma femme, mes parents, mes frères, mes neveux et mes cousins furent tués. Mais je souhaite aussi que mes souffrances et celles de ma famille rappellent ce qui est arrivé à des millions de personnes. Je veux que chacun constate comment des idéaux séduisants de justice et d'égalité engendrent, lorsqu'ils sont pervertis par des fanatiques, l'oppression la plus cruelle et la misère générale". (p.9)

Les Khmers vident Phnom Penh

Le récit se situe au niveau d'une famille, dont les membres meurent, un à un, durant la mise au pas de la population.

Quelques jours après le départ des Américains, le propos débute le 17 avril 1975, par la prise de la capitale. Vêtus de noir, portant des casquettes noires et arborant un foulard a damier, les jeunes Khmers rouges restent de marbre devant l'accueil de la foule. Bientôt les vainqueurs donnent l'ordre d'évacuer la capitale… soit disant pour trois jours. Cependant, passé ce délai, l'exode se poursuit. L'auteur raconte :"Nous prenions conscience de ce que signifiait réellement l'évacuation d'une ville. Les gens étaient repliés sur eux-mêmes, exténués, accablés, ne pensant plus qu'à avancer. Plus nous nous éloignions de la capitale, plus l'épuisement s'emparait des malades, des blessés, des estropiés et des vieillards. Ils restaient assis, fixant ceux qui passaient d'un regard vide, semblant résignés à leur sort. Nous apercevions de plus en plus de corps abandonnés sur le bas-côté de la route et ce spectacle finit par ne plus nous émouvoir. Bien à l'abri dans nos voitures, nous parlions à peine aux autres familles. Cependant, je fus choqué quand, à deux reprises, nous vîmes des femmes pendues à un arbre. Des suicides."(pp. 49-50)

Pourquoi cet exode ? 

Un Khmer rouge dit : "Nous savons qu'il est dangereux de les (villes) laisser intactes, habitées. Elles sont des centres d'opposition qui abritent des groupuscules. Il est difficile d'y localiser les noyaux de la contre-révolution. Si nous ne modifions pas la vie urbaine, une organisation ennemie peut s'y établir et conspirer contre nous. Il est tout à fait impossible de contrôler une ville. Nous les avons évacuées pour détruire toute résistance, pour détruire les berceaux du capitalisme réactionnaire et mercantile." (p. 91)

L'Angkar, nom de l'organisation des Khmers rouges, décide donc que l'argent n'a plus de valeur et abolit la propriété individuelle. Cependant, l'organisation réquisitionne de force ce dont elle a besoin : moto, voiture, casquette, montre… Les déportés apprennent bientôt qu'ils constituent le "peuple nouveau", une catégorie inférieure et méprisée qui doit obéir en tout au "peuple ancien" déjà formé par les Khmers rouges. Les soldats confisquent les imprimés parce qu'ils contiennent "la pensée impérialiste" puis procèdent à une sorte de recensement pour mieux assurer leur contrôle sur les Cambodgiens.

"L'autorité de l'Angkar veille sur vous..."

Des séances d'endoctrinement idéologique assènent deux à trois fois par semaine cette litanie :"Vous êtes des hommes libres. Les impérialistes sont des lâches. Ces couards se sont enfuis. Ceux qui n'ont pas fui le pays ont été exterminés. Les impérialistes vous ont abandonnés, mais l'Angkar est clémente. Malgré votre collaboration avec l'ancien régime, l'Angkar vous pardonne. Maintenant dénués de tout, vous vous êtes tournés vers l'Angkar. L'Angkar est généreuse. Elle promet de vous nourrir, de vous loger, si vous abandonnez vos anciennes coutumes, vos vêtements occidentaux. Vous devez éliminer toute trace d'impérialisme, de féodalité, de colonialisme. Les garçons ont les cheveux aussi longs que les filles. Voilà encore une influence impérialiste. Vous devez renoncer à tout cela et penser au travail politique à entreprendre dans les jours à venir. Si vous avez quelque chose à dire à l'Angkar, dites-le. Vous ne devez rien cacher à l'Angkar. L'Angkar ne dit rien, ne parle pas, mais elle a des yeux et des oreilles partout. L'autorité de l'Angkar veille sur vous…" (p. 66)

L'absurde érigé en système

Obligés de travailler aux champs, les déportés défrichent, creusent des canaux, irriguent, labourent et plantent, en un "purgatoire constant et immuable" (p. 68) Les travaux ayant avant tout un objectif politique confinent souvent à l'absurdité, par exemple en ce qui concerne le tracé des canaux. "Les Khmers rouges semblaient penser que la ferveur révolutionnaire pouvaient remplacer les lois de la physique. Pour chaque tronçon, des milliers d'hommes et de femmes creusaient, obéissant aux ordres de leurs dirigeants locaux, mais personne ne vérifiait que les canaux que nous tracions étaient en pente descendante."(p. 86)

Les réserves venant à manquer, il faut bientôt développer un système de troc pour se procurer de quoi manger, alors que les plus faibles commencent à souffrir de la faim, victimes d'un mépris méthodique, institutionnalisé, voire systémique.

Quand la fin justifie les moyens

Arrivés dans un coin perdu de la jungle, l'auteur et ses proches doivent installer un camp de fortune et créer leur rizière. Victime de la faim, l'un des enfants de Pin Yathay, Staud, meurt. Chaque jour, la mort emporte quatre à dix personnes, par malnutrition, épuisement ou empoisonnement à cause de l'ingestion accidentelle de champignons vénéneux. "L'espoir mourut, enterré avec les cadavres. Le deuil finit par faire partie de notre servitude". (p. 116) Pendant ce temps, les Khmers s'enrichissent par le marché noir et exécutent sans la moindre forme de procès d'une balle dans le dos ceux qui n'obéissent pas en tout. Parce que "la fin justifiait les moyens. Les idéaux légitimaient tous les crimes. Le pouvoir absolu avait engendré la corruption absolue". (p. 220)

Cannibalisme 

Chacun doit régulièrement faire son autocritique, suivant la formule suivante :"Je m'abaisse devant la suprême Angkar. Je m'abaisse devant ceux qui sont rassemblés ici afin qu'ils puissent me voir. Je peux voir devant moi la boue qui me tache, mais seuls mes camarades voient la boue qui est derrière moi. Camarades, j'ai besoin de votre aide pour prendre conscience de mes fautes et de mes erreurs. Je m'abaisse devant l'Angkar." (p. 147) L'idéologie communiste arrive même à retourner à son avantage la famine organisée :"Je ne mange pas très bien. L'Angkar ne possède pas assez de vivres, mais cela me permet de m'habituer à la faim et de devenir plus résistant. L'Angkar m'aide à m'endurcir et je l'en remercie". (p. 157) Cependant, la faim pousse certains au cannibalisme. (p. 180) et les Khmers les punissent… par la mort.

Vous lirez, enfin, le récit époustouflant de l'évasion de Pin Yathay vers la Thaïlande, au prix de "l'abandon" de son dernier fils - Nawath - et de la perte de son épouse, Any.

Même si cet ouvrage manque d'une mise en perspective des faits évoqués au regard des décennies précédentes - mais il existe pour cela des travaux universitaires, comme en témoigne la sélection bibliographique ci-dessous - le témoignage de Pin Yathay représente une pièce aux dossiers de l'histoire. Ecrit lisiblement et sans esprit morbide, il peut être mis entre les mains de collégiens comme de lycéens.

Quelle justice ?

Au début du XXI e siècle, plus de vingt ans après leurs crimes, la plupart des chefs khmers rouges vivent en toute liberté au Cambodge, sans avoir jamais été jugés pour les crimes qu'ils ont commis. L'auteur s'interroge :"Quand donc les Nations unies et le gouvernement cambodgien formeront-ils un tribunal spécial international, comme le préconisent les experts judiciaires de l'ONU ?" (p. 11) La réconciliation nationale en sortirait renforcée et la paix plus durable.

Le génocide des Cambodgiens s'ajoute donc à celui des Polonais sur la longue liste des crimes du communisme échappant encore à la condamnation d'un tribunal international. Les crimes du nazisme ont été - avec juste raison - jugés à Nuremberg. Pourquoi le communisme - avec près de 100 millions de victimes au XX e siècle de par le monde (1) - échapperait-il à une telle procédure ?

http://www.diploweb.com/p9yath01.htm

25 septembre 2007

No Family, No Tears as Pol Pot Is Cremated

By SETH MYDANS

CHONG SA-NGAM, Thailand -- First a thin white plume rose into the gray sky above the forest here on the Thai-Cambodian border. Then a cascade of black, acrid smoke.

At precisely 9:52 on Saturday morning, a young Khmer Rouge guerrilla touched a red plastic cigarette lighter to a stack of kindling, and soon the body of Pol Pot, one of the century's great mass killers, was consumed on a makeshift pyre of burning tires and debris.

There were no words of eulogy and no tears as the flames crackled and grew in a clearing just inside Cambodia. Soldiers in rubber sandals and green shirts tossed branches and pails of gasoline to feed the fire. They poked at it with long sticks.

As the tires and the kindling burned away, Pol Pot's blackened skeleton remained within the orange flames, its right arm and fist raised upward.

Only a dozen people witnessed the cremation of the man who drove Cambodia to ruin, causing the deaths of more than a million people when he ruled the country from 1975 to 1979. All but one of the witnesses wandered off before the fire had burned down.

Those present included several low-ranking guerrillas from the Communist movement that Pol Pot had led for three decades, and a small group of photographers who were invited to record the moment on cameras and videotape. Other journalists were halted at a checkpoint here on the Thai side of the border, where they watched the smoke rise 500 yards away. The Thai military later made a videotape available.

Pol Pot's widow and their 14-year-old daughter did not attend, nor did the remaining Khmer Rouge leaders, who are under heavy military pressure from Cambodian government troops.

There was no pause in the fighting to honor the moment. Artillery and mortar fire could be heard sporadically throughout the morning.

Pol Pot's death late Wednesday night at 73 was a signal of the demise of the Khmer Rouge insurgency, which has hidden in Cambodia's mountains and jungles for 19 years. A small core of hard-line leaders remains, along with several hundred fighters, and they could hold out for months. But the end is only a matter of time.

Cambodia's pain and its bitter politics -- legacies of Pol Pot's destructive rule -- are being played out now in the distant capital of Phnom Penh, where a violent campaign is under way for elections in July.

Pol Pot had already become a non-person in the months before his lonely cremation. After a violent rupture in the leadership last June, he became a prisoner of his former lieutenants, and at a show trial in July, he was sentenced to life under house arrest.

Even as they faced the endgame of their insurgency, the Khmer Rouge holdouts seemed to hope that the death of Pol Pot could cleanse their image and allow them to seek an amnesty, as thousands of their comrades have done over the past 18 months.

"Most people are happy because Pol Pot is finished now," said Noun Nou, a Khmer Rouge official who spoke to reporters at the border. "There is no more Khmer Rouge, no more bad reputation."

But the United States, which had hoped to put Pol Pot on trial, has announced that it will now seek the capture and trial of some of the remaining leaders, who share responsibility for the mass killings he orchestrated.

Since his show trial, Pol Pot has lived in a three-room wooden shack in the clearing near the Thai border, about nine miles from the main Khmer Rouge village of Anlong Veng. That village fell to Cambodian government troops last month, and the remaining leaders retreated to join him here in the Dangrek Mountains.

Pol Pot's widow, Mea Son, said Friday that he had died quietly in his bed after eating a dinner of rice. Khmer Rouge officials said the cause of death was a heart attack. But no autopsy was performed, and suspicions remain that he might have been killed by his associates to prevent his capture and a trial that could have implicated them.

With the world watching now, this fear of implication in Pol Pot's crimes could have been one reason for the absence of his lifelong comrades at his cremation.

Saturday's events began in Pol Pot's shack, where several guerrillas used a hatchet to hammer together a crude wooden coffin.

Then they lifted Pol Pot's remains from his narrow bed, seizing the top and bottom ends of a dark plastic sheet in which his decomposing body had been preserved with chunks of ice.

They tossed his straw fan, his scarf, his belt and a small black knapsack of his clothes into the coffin with him and covered it with a rough gray blanket. Noun Nou said he had kept Pol Pot's cane for himself as a souvenir.

Six soldiers -- two of them with AK-47 rifles slung on their backs, one with a cigarette in his mouth -- hefted the coffin onto the pyre a few yards from the house.

Eight tires trucked in from Thailand Saturday morning formed the base of the pyre. On top of them was the mattress from Pol Pot's bed. His wicker chair was laid upside down on top of his coffin along with several more tires.

Three soldiers added sprays of white and pink fuchsia to the pyre, the day's one touch of sentiment.

Noun Nou said Pol Pot's bones would be given to his wife and daughter, a Cambodian tradition.

His ashes are to be taken by couriers to be scattered in three places. One is Cambodia's great lake, Tonle Sap, the heart of the nation's history and culture, near the ancient temple complex of Angkor Wat and not far from Kompong Thom, where he was born. The second is the eastern region of the country, where Pol Pot began his jungle revolution in the 1960s. The third is here in the Dangrek Mountains, where both his life and his revolution have come to an end.

25 septembre 2007

'New' Khmer Rouge Hopes World Will Now Forgive and Forget

SURIN, Thailand -- As the smoke from Pol Pot's funeral pyre drifted away on a westerly breeze, a spokesman for the brutal Khmer Rouge movement he founded was voicing a fervent hope that the world would forgive and forget.

"As of now, there is no more Pol Pot and no more Khmer Rouge," the spokesman, Nuon Nou, said to reporters on Saturday at the Thai-Cambodian border 40 miles south of here.

"Everything is finished," he said with a friendly smile. "No Pol Pot and no Khmer Rouge."

It is a hope the Khmer Rouge have cherished for years, announcing periodically that they had renounced Communism, that Pol Pot was no longer their leader, and finally, in July, that they had condemned him to house arrest for his crimes.

The Khmer Rouge now calls itself the National Solidarity Party.

But Pol Pot's death on Wednesday at age 73, and his cremation on Saturday, appear instead to have strengthened a recent resolve by the outside world to capture and to try the remaining Khmer Rouge leaders.

"We're all going to make major efforts to find these individuals and bring them to justice," the United States' chief delegate to the United Nations, Bill Richardson, said on a visit to Thailand on Sunday.

It was the latest in a string of similar statements, including one on Friday by President Clinton saying Pol Pot's death "has again brought to international attention one of the most tragic chapters of inhumanity in the 20th century."

From 1975 to 1979, Pol Pot and his men brutalized their country, causing the deaths of more than a million people through execution, starvation, disease and overwork in mass labor brigades.

In a reminder of the nature of the Khmer Rouge, the Cambodian government said on Sunday that 21 people had been killed and at least 15 wounded when armed men attacked a fishing village on Saturday.

Officials said the attackers were Khmer Rouge, although this could not be verified. Most of those killed were reported to be ethnic Vietnamese, whom the Khmer Rouge demonize, and the attack appeared to be similar to others carried out by the guerrillas in the past.

There has never been a true accounting of the Khmer Rouge crimes, and many of those responsible are thriving today. Some live quietly as farmers, while others hold high positions in the government and military.

Of the core leadership that surrounded Pol Pot, one man -- his foreign minister, Ieng Sary -- defected from the insurgency in 1996 and received a government amnesty.

Three others -- Ta Mok, Nuon Chea and Khieu Samphan -- are among the last holdouts in the Dangrek Mountains, along the Thai border, where Pol Pot was cremated.

Although they are now under severe pressure from the Cambodian army, their capture may not be easy. Their strongholds in this area, and their relationships with contacts inside Thailand, are well established.

They are believed to have made millions of dollars in an illegal cross-border logging trade, and analysts of the Khmer Rouge say these men must certainly have contingency plans to avoid capture.

Nuon Nou said Pol Pot himself had dyed his white hair a darker color shortly before his death in preparation for the possibility that he would need to flee and to hide his identity.

Although Nuon Nou, as well as Pol Pot's widow, said he had died of natural causes, suspicions remained on Sunday that he was killed by his comrades.

They might have hoped to prevent his capture and the damaging testimony he might have given at a trial, the analysts said. Or they might have decided that because of his illness and his difficulty with walking, it would be too hard to transport him should they need to flee.

After a forensic examination of Pol Pot's body by the Thai military on Friday, Thai officials here who closely observe the Khmer Rouge offered conflicting opinions on Sunday about the cause of his death.

"The examination of the body and related conditions lead us to believe that Pol Pot was poisoned," said an intelligence officer who spoke to Reuters on condition of anonymity. He added, without explanation, that he believed that Pol Pot had killed himself or had acquiesced in his killing.

But Agence France-Presse quoted an officer, who also spoke on condition of anonymity, as saying: "After checking the samples of hair and other examinations of the body of Pol Pot we have found that he did not die of poisoning. It is impossible. He died of natural causes."

25 septembre 2007

Phantoms Rule in Former Khmer Stronghold

ANLONG VENG, Cambodia -- The writing here is on the walls, in a cement schoolhouse abandoned when the Communist Khmer Rouge guerrillas fled a government attack two weeks ago.

Large blackboards list the rules of behavior that were enforced in this village during the years when it was the core of a stark, self-contained Communist society -- along with the penalty for disobedience: death.

No stealing. No drunkenness. No prostitution. No marriage outside the commune. No commerce without permission. No contact with outsiders. No listening to any radio station other than that of the Khmer Rouge.

"Anyone who disobeys the Angkar will be killed," reads the blackboard. The Angkar -- meaning "the organization" -- was the anonymous leadership that ruled Cambodia from 1975 to 1979 and caused the deaths of more than one million people.

For years the Khmer Rouge leadership held out here -- apart from a short-lived government occupation in 1994 -- even as the bulk of their forces, in other strongholds, gave up the fight.

But Cambodian government soldiers and Khmer Rouge defectors now control Anlong Veng, which stands empty and silent in the hot sun, and they, too, have made their mark on the schoolhouse walls.

One of them has written, in careful but flawed English: "This is a place of Khmer Red, now the solyers got. They run untill to stay at Thailand. Signature: Solyers of Gavamente."

The bang of a tank cannon echoed off the cement walls Monday, and a young soldier jumped. The war is not yet over. The last several hundred guerrillas have retreated to the Dangrek Mountains on the border with Thailand, a hazy blue ridge nine miles away.

Seven artillery rounds fired by the Khmer Rouge landed Monday morning near the abandoned home of the guerrillas' leader, Ta Mok.

On a visit here Monday, Gen. Meas Sophea, the deputy chief of staff of the Cambodian army, asserted that the guerrillas' mountain stronghold, known as Hill 200, could fall within a few days.

But the Khmer Rouge have already retaken Anlong Veng once since it fell two weeks ago, and the progress of the battle is unclear. Several thousand villagers who fled two weeks ago have not been allowed to return.

Meas Sophea also asserted that Ta Mok had crossed the border into Thailand, presumably taking with him the founder of the Khmer Rouge, Pol Pot, who is now ailing and demoted from his leadership post.

"Ta Mok is in Thai territory," the general said. "As far as we know, Pol Pot is with him. Ta Mok is in Ban Sa-Ngam, three kilometers inside Thai territory."

He said he based this statement on "information from people who have come from that area."

Thailand has vigorously denied that the Khmer Rouge have taken sanctuary on its territory, although for years the guerrillas have moved easily back and forth across the border at Ban Sa-Ngam.

That village, at a heavily patrolled crossing point, is within a 10-mile Thai border zone that cannot be entered by outsiders without permission. Foreign reporters outside the zone said Monday that there was no indication whether any Khmer Rouge soldiers or leaders had crossed the border.

The United States is eager to capture Pol Pot, 73, who has led the Khmer Rouge for more than 30 years, and to bring him to trial before an international tribunal for crimes against humanity. Maintaining Thailand's cooperation is a delicate diplomatic challenge for the Americans.

There is evidence of the Khmer Rouge's close relationship with Thailand in Ta Mok's empty house here: two calendars issued by Thai Bank hang on his walls.

But apart from the calendars, Ta Mok's house in Anlong Veng has been stripped of almost all its furnishings. A large conference table stands on a veranda in front of a brightly painted mural of the centuries-old Angkor Wat complex. The gray metal tail section of a Russian-made bomb serves as a flower pot for a well-watered ficus plant.

Government soldiers have chalked a skull and crossbones on the door to his bedroom -- a small, stuffy room with a tile floor, unfinished wood walls and one small window with a broken screen.

Like the condition of the house, the surrounding village is barren, bare, hot and not beautiful. Widely spaced thatched huts stand empty, surrounded by parched, broken earth. There are few trees. Nobody seems to have planted gardens here.

Ta Mok, though, built himself a two-story cement house with a tile roof, a large underground bunker and a tall radio tower. His basement is filled with hundreds of empty Thai beer cans. But there are few signs that he was a man drawn to elegant surroundings.

His veranda, if he ever used it for quiet contemplation, looks out over a swamp filled with dead, leafless trees.

A little spark of life lies in the debris of an open-sided garage beside the house: A copybook in which someone, perhaps a grandchild, has written out sentences from English language lessons.

The sentences hint at the special privileges, outside the stark life of the commune, that have been available to members of the leader's inner circle.

"How do you like Bangkok?" the copybook reads.

"Yes, very much."

"How long were you there?"

"I stay about two months."

And on a final page, the copybook's owner -- now, perhaps, somewhere in the Dangrek Mountains -- has made a private list of favorite songs that could have been written by a teen-ager anywhere. It includes:

"Tina Turner: 'What's Love Got to Do With It.' "

"Cyndi Lauper: 'Time After Time.' "

"Diana Ross: 'When You Tell Me That You Love Me. "

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